
Gris de Peyne
n’est pas gris de peine,
gris de Peyne
est la soie mélancolique de ses yeux clairs,
le sourire léger de ses lèvres closes
le souvenir d’une promesse
qui a été faite un jour
comme si un lointain amour
pouvait encore advenir.
Gris de Peyne
n’est pas gris de peine,
gris de Peyne
est la soie mélancolique de ses yeux clairs,
le sourire léger de ses lèvres closes
le souvenir d’une promesse
qui a été faite un jour
comme si un lointain amour
pouvait encore advenir.
Dans La panthère des neiges (beau film sur la nature), Sylvain Tesson dit à son compagnon Vincent Munier qu’il y a deux sortes d’artistes, ceux qui cherchent inlassablement à mettre en valeur ce que la nature et la vie ont indéniablement de beau en dépit des horreurs et des souffrances qui existent aussi, et ceux qui approfondissent la souffrance et le désespoir afin de mieux les comprendre. Les deux tendances sont aussi respectables l’une que l’autre. David Hockney appartient à la première. Il se distingue donc radicalement de peintres comme Baselitz ou Kiefer. On ne peut pas appartenir aux deux courants à la fois. Il faut choisir. Nous ne bouderons pas notre plaisir face à cette guirlande de dessins que constitue A Year in Normandy (tous exécutés sur iPad).
Exposition A Year in Normandy – Musée de l’Orangerie, jusqu’au 14 février 2022
A l’époque où la photographie apparaissait, bouleversant le champ des arts plastiques, faisant qu’à jamais le réalisme que l’on dit aujourd’hui « photographique » fût abandonné, il y eut des peintres pour incarner couleur et lumière, Pierre Bonnard est de ceux-là, il a traduit le fait que notre source de vie, d’énergie, notre source de beauté est dans la lumière du soleil, ainsi les chairs nues de ses femmes adorées se transformèrent en globes et en lampes, en foyers ardents, en scintillement des eaux sous les rayons solaires.
Exposition « Bonnard, les couleurs de la lumière », musée de peinture de Grenoble, jusqu’au 30 janvier 2022
Tu es né à Deutschbaselitz
plus tard appelé Grossbaselitz
Hans-Georg Kern tu t’es appelé Baselitz
homme de Saxe et de RDA
parti vers l’Ouest
où tu as voulu mettre
le monde la tête en bas,
tu as voulu tronçonner le réel
pour que plus rien ne tienne
tu disais l’ordre j’en ai fait le tour
désormais le monde peut bien vivre à l’envers
sans attache
hormis les racines au ciel
le réel se débite
en tranches
comme les troncs des arbres
dont tu fis des sculptures
les montagnes bleutées
les blés jaunes
et les absentes ramures
sont en désordre
comme les bras rouges des chaises
croix sinistres
et ton autoportrait fragile
porte mémoire d’un monde absent
où il ne restera plus rien
que le rouge du sang
Rétrospective Baselitz – Centre Pompidou – 20 octobre 2021 – 7 mars 2022
J’écrirai un jour les mémoires silencieuses de ces personnes effacées. Leurs visages émergent d’un nuage de formes têtues et tertiaires, un fantôme de sourire éclaire leurs lèvres et leurs yeux tristes boivent les souvenirs. J’interrogerai ces objets sans poids, étirés comme des personnages, ou ces théières vides bombant leurs flancs. Couleurs de la nuit, teintes sourdes qui embrasent nos songes. Éclats de céruse trouant la brume. Cyans ingénus et naïfs mettant de ci de là l’accord mat des matins où le soleil ne luit pas encore.