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Poésie Voyage

Poème des Annapurnas

Je n’ai pas de chaussures ailées pour atteindre le sommet de l’Annapurna

mes jambes se fatiguent et mes pieds me font mal en montant sur les escaliers

qui gravissent les flancs des collines au bas des Annapurnas

et pourtant mon regard est tendu, mon âme est fouettée d’air pur

lorsque j’essaie d’atteindre le plus près que je peux des Annapurnas

les villages sont en haut des berges les buffles tirent les charrues

si rudimentaires, les papillons fleurissent et les martin-pêcheurs brillent

dans la vallée de la Gandaki, la rivière qui franchit l’Himalaya

va jusqu’au Tibet, sépare le Daulaghiri de l’Annapurna

je monte au belvédère d’où les montagnes s’animent,

le Macchapucchre s’incline, et me montre son chapeau bicorne

l’Annapurna sud ronfle comme un musicien endormi

et plus loin, luit le glacier suspendu, l’eau de cristal aux reflets

de ciel bleu, de cloches et de lumière accrochée au flan des Annapurnas,

la route empierrée se cache sous les pins géants, les micocouliers,

les rhododendrons enchapeautés, couverts de givre le matin de poussière

de soleil dans la journée, les rochers jaillissent des cours d’eau bouillonnante

et nos pas palpitent, nos souffles s’accordent au bruit,

des oiseaux circulent et nous montrent la voie à suivre jusqu’au temple

en pagode à trois étages, rouge, et régnant sur les vies paysannes,

un balcon s’offre à nous, nous y dormons, la jeune Gurung

emplit nos bols d’un riz luisant, les lentilles ne tarderont pas

nous aurons la nuit pour dormir, et le vent, dehors, qui fera battre

les tôles d’un jardin habité de tendres étoiles.