
Je n’ai pas de chaussures ailées pour atteindre le sommet de l’Annapurna
mes jambes se fatiguent et mes pieds me font mal en montant sur les escaliers
qui gravissent les flancs des collines au bas des Annapurnas
et pourtant mon regard est tendu, mon âme est fouettée d’air pur
lorsque j’essaie d’atteindre le plus près que je peux des Annapurnas
les villages sont en haut des berges les buffles tirent les charrues
si rudimentaires, les papillons fleurissent et les martin-pêcheurs brillent
dans la vallée de la Gandaki, la rivière qui franchit l’Himalaya
va jusqu’au Tibet, sépare le Daulaghiri de l’Annapurna
je monte au belvédère d’où les montagnes s’animent,
le Macchapucchre s’incline, et me montre son chapeau bicorne
l’Annapurna sud ronfle comme un musicien endormi
et plus loin, luit le glacier suspendu, l’eau de cristal aux reflets
de ciel bleu, de cloches et de lumière accrochée au flan des Annapurnas,
la route empierrée se cache sous les pins géants, les micocouliers,
les rhododendrons enchapeautés, couverts de givre le matin de poussière
de soleil dans la journée, les rochers jaillissent des cours d’eau bouillonnante
et nos pas palpitent, nos souffles s’accordent au bruit,
des oiseaux circulent et nous montrent la voie à suivre jusqu’au temple
en pagode à trois étages, rouge, et régnant sur les vies paysannes,
un balcon s’offre à nous, nous y dormons, la jeune Gurung
emplit nos bols d’un riz luisant, les lentilles ne tarderont pas
nous aurons la nuit pour dormir, et le vent, dehors, qui fera battre
les tôles d’un jardin habité de tendres étoiles.