
Je vois la terre s’évanouir
elle-même ne peut plus supporter
ce que voit chaque jour et chaque nuit
le moindre petit enfant qui n’en peut mais
le ciel s’ouvre
sous les éclats du feu
l’ombre embrase les puits ensanglantés,
l’hiver n’est plus là
l’herbe est au chômage
Ô jeunes morts
et vous femmes qui courrez
Ô vieux soldats
qui croyiez que la mort serait plus douce
à regarder
le vent ça n’existe plus
la pluie ça n’existe plus
la neige n’en parlons plus
il n’y a plus que les gravats
et de lointaines mares de glace
il n’y a plus que les cendres.
Je suis parti à l’aube
pour ne pas effrayer ma compagne qui dort
J’ai chargé sur mon épaule
les armes dont je ne sais pas me servir
j’ai ployé le dos
sous des avalanches
demain je serai loin parti au front
je me battrai pour mes frères et mes sœurs
sans espoir
mais sans relâche
pourrons-nous encore un jour chanter ?
Danser avec les femmes ?
Voir où sont les blés.
L’ennemi nous a brûlés,
il a converti nos fleuves en canaux
de sang noir
le pétrole nous aveugle
nos mains nues s’écorchent
aux tourelles de leurs chars
il n’y a plus rien il n’y a plus les éléments
l’air est aspiré par les cratères des bombes,
le feu se mêle aux armements
l’eau est salie par les cendres
et la terre disparaît sous l’amas des tombes
UKRAINE
pays plat fait pour une vie sereine
pays de céréales et de musique,
maintenant perdu, maintenant flétri
par les autres, là,
ceux qui déjà forçaient
Syriens et Caucasiens
à rendre gorge sous les cris
et découpaient au couteau
les bouches qui voulaient rire.